Or : la valeur refuge toujours en déshérence
Jeudi 11 mai à l’issue du premier fixing, l’or était toujours en baisse. L’Express rapportait ainsi que « Au terme du premier fixing du jour à Londres, l'once d'or cotait 1.221 dollars »,soit 14 dollars de moins que le jeudi précédent, perdant 1,95 dollar par rapport à la veille. La raison de cette baisse est à chercher du côté de la BCE : « Hier, devant le parlement néerlandais, Mario Draghi n'a pas tenu des propos des plus favorables à l'euro. En substance, selon le président de la BCE, il ne faut pas crier victoire trop tôt face à l'inflation, dont la hausse récente, attribuable en bonne partie au rebond du pétrole, doit encore être confirmée. En clair, l'inflation, contre laquelle l'or est réputé prémunir, pourrait ne pas être en état de se maintenir. De plus, M. Draghi a de nouveau relevé que les statistiques économiques étaient bien orientées, un mauvais point pour la valeur refuge. »

L’or reste de marbre après Macron

C’est le titre d’un article du Monde du vendredi 12 mai qui constate que, au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron aux présidentielles, « Lundi 8 mai, l’once d’or se négociait à 1 229,8 dollars contre 1 228,05 dollars vendredi 5 mai. L’or est resté de marbre. Il est vrai que la victoire d’Emmanuel Macron avait été anticipée par les investisseurs. Et que ceux qui avaient empoché de l’or, s’inquiétant d’une montée en puissance de Marine Le Pen, s’en sont délestés avant le verdict des urnes. Le métal jaune s’est plutôt déprécié sans attendre la date fatidique ».  Sans toutefois essuyer un nouveau repli, l’article rapporte que « l’once, après une nouvelle glissade se reprenait toutefois, pour terminer à 1 228,40 dollars ». Malgré une situation internationale pas vraiment au beau fixe, qui devrait tirer l’once vers le haut, le métal jaune plafonne et progresse peu. Ainsi « d’autres facteurs pèsent plus lourd et ramènent l’aiguille de la balance à son point de départ. Depuis octobre 2016, la perspective de remontée des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) à partir de décembre, accompagnée d’un renforcement du billet vert, a fait changer d’humeur les investisseurs. L’or, qui ne rapporte rien, perd alors de son lustre face à des intérêts palpables ».

ZoneBourse.com, ce même vendredi, relayait une news AFP/AWP dans son article « L’or se stabilise après les présidentielles françaises » et rappelle que « L'once d'or a atteint mardi 1.214,26 dollars, son plus bas niveau depuis deux mois ». Cette baisse de l’or est due, comme nous le disions la semaine dernière, au fait que les marchés étaient désormais rassurés, « car son adversaire Marine Le Pen inquiétait par son euroscepticisme ». Les investisseurs ont ainsi retrouvé le goût du risque. Mais pour certains analystes, l’avenir du métal jaune n’est pas si sombre : « "Le marché a dû écoper après les élections et la volatilité créée par le monde politique, mais nous pensons que l'or a du potentiel car le risque principal demeure, à savoir la question du commerce et des échanges internationaux dans les années à venir", a commenté Christophe Louney, analyste chez RBC Capital Markets. » Chiffres décevants pour la Chine, mesures protectionnistes de Trump, et festival de Holi qui se prépare en Inde, l’un des plus gros consommateurs d’or de la planète, devraient redonner du souffle à la valeur refuge.


Quant à L’Express, ce 12 mai, le journal adopte la même théorie quant à la raison de la tendance de l’or ces derniers jours : « Largement “jouée”, la victoire d'Emmanuel Macron aux élections présidentielles françaises a contribué à réduire sensiblement le risque politique, et aussi celui d'éclatement de la zone euro. Reste désormais l'incertitude liée aux résultats des législatives qui se termineront le 18 juin. »

 

Une 5e séance dans le vert
C’est le titre d’un article d’Investing.com ce mardi 16 mai qui parle des récents gains de l’or : « Le cours de l’or progresse en Europe ce mardi matin, en route vers une cinquième séance dans le vert tandis que les signes d’un ralentissement de l’activité économique américaine contraignent les investisseurs à revoir leurs prévisions de hausse des taux. » On y apprend aussi que « L’indice des conditions manufacturières de la FED de New York a diminué pour la première fois en sept mois en mai, tandis que les nouvelles commandes et les livraisons passent en-dessous de zéro. La Réserve Fédérale à New York a déclaré que le son indice manufacturier Empire Stateavait reculé à -1.0, ce mois-ci, depuis 5,2 en avril ». Les tensions internationales jouent également en faveur de l’or : la Corée du Nord a ainsi effectué un second tir d’essai de missile : « Cet acte est perçu par les Washington comme un message à la Corée du Sud, quelques jours après que le nouveau président ait promis d’engager une conversation avec Pyongyang. »

Trump redonne des couleurs à l’or
Dans un article du mercredi 17 mai, Boursier.com parle de la hausse soudaine de l’or : « L'once d'or progresse actuellement de 0,6% à 1244 dollars sur le Comex à New York, au plus haut depuis le début du mois. »En cause ? Les derniers déboires de Trump qui a donc limogé le chef du FBI : « Donald Trump a déclenché une véritable tempête politique il y a une semaine à Washington en décidant de limoger le directeur du FBI James Comey. À cela sont venues s'ajouter lundi des informations selon lesquelles le chef de la Maison blanche aurait dévoilé des informations classifiées au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. »De quoi plomber le billet vert donc… et pousser l’or à la hausse. Les investisseurs sont d’ailleurs de moins en moins confiants en ce qui concerne une éventuelle remontée des taux : « Ces turbulences politiques ainsi que les dernières données économiques moins vigoureuses outre-Atlantique ont également entraîné une révision des attentes des investisseurs concernant le prochain resserrement monétaire de la Fed. Les marchés financiers évaluent désormais à moins de 70% les chances de voir la Réserve fédérale rehausser ses taux lors de la prochaine réunion de des 13 et 14 juin contre plus de 80% la semaine passée. »

PourLe Figaro, même constat, dans un article relayant une news AOF (Agence Option Finance) : « L'or et le dollar évoluent à fronts renversés sur les marchés financiers. L'once de métal précieux gagne 1,05% à 1 249 dollars, au plus haut depuis 15 jours, retrouvant son statut de valeur refuge alors que les turbulences politiques se succèdent et que la perspective d'un "impeachment" du président Trump est évoquée par plusieurs observateurs. » Des « faits » qui pèsent sur le dollar, jouant en faveur de la relique barbare, mais qui laissent aussi à penser que les réformes fiscales et économiques voulues par le 45e président des États-Unis vont être encore retardées…

Les incertitudes géopolitiques jouent en faveur de l’or
C’est justement de ces tensions politiques dont se fait l’écho DailyFx.com cette semaine mais pas uniquement. Dans une note du 15 mai, le site d’actualités et d’analyses de marché fait état des statistiques chinoises décevantes: « Les valeurs à l’aspect «refuge» telles que le cours de l’or ou encore celui du yen japonais (USD/JPY inversement corrélé au cours de l’or) tente un rebond initié par les statistiques décevantes du mois d’avril parues en Chine tôt ce lundi. En effet, le ralentissement des ventes au détail, qui ont progressé de 10,7%, ainsi que celui de la production industrielle, ressortie à 6,5%, sont devancés par les attentes d’un consensus qui anticipait respectivement 10,8% et 7%. De même, les investissements en immobilisations se sont également atténué à 8,9% durant cette période (consensus : 9,1%). Cette série d’indicateurs confirme la décélération de la deuxième économie mondiale, renforçant un sentiment d’aversion au risque favorable aux actifs refuges. »

Le lendemain, le site d’information DailyFx.com explique ainsi que plusieurs facteurs semblent en faveur d’une tendance haussière de l’or : « Les tensions géopolitiques qui s’accentuent avec le nouveau tir de missile par Pyongyang, les statistiques décevantes en Chine avec une production industrielle ressortie inférieure au consensus, en Allemagne avec l’indice du sentiment économique publié également en dessous du consensus ou encore aux Etats-Unis avec l’inflation décevante. »
Autant d’éléments qui laissent à penser que l’or n’a peut-être pas fini de remonter…