L'or se négocie près du pic de deux semaines, en bonne voie pour son premier gain hebdomadaire ce mois-ci


En début de semaine dernière, la valeur refuge ne parvenait pas à dépasser le seuil des 1 200 dollars, à cause de taux longs US qui se tendaient et d’un dollar vigoureux. Cette fin de semaine a continué sur la même lancé, puisque « Le dollar a grimpé vendredi, faisant pression sur les prix de l’or libellé en dollars, après que les données ont montré que la production industrielle américaine avait augmenté de plus de 0,4% en août » peut-on lire dans cet article de MarketWatch du vendredi 14 septembre.On en veut pour preuve l’indice US DXY, un indice qui mesure la force du dollar face à un panier de devises, qui s’est amélioré de 0,4 %. Néanmoins, l’article rappelle que les tensions commerciales entre Washington et Pékin continuent de faire rage, ce qui pourrait être favorable à l’or : « (…) dans une certaine mesure, le ralentissement de la croissance économique chinoise et le ralentissement de la croissance économique mondiale seront favorables à la demande d’investissement dans l’or, car les gens préféreront les valeurs refuges. Pour les Asiatiques, l'or est le refuge et non le dollar américain. »

En revanche, ce n’est pas le même son de cloche pour BusinessLive, dans son article relayant une news Reuters intitulé « L'or augmente sur un dollar plus faible, mais davantage de faiblesse attendue » : « L’or au comptant a progressé de 0,4% à 1 197,43 dollars l’once avant 10 heures GMT, après avoir chuté de 0,6% vendredi, alors qu’il marquait sa troisième baisse hebdomadaire consécutive. » Le dollar reste fort, soutenu par les inquiétudes concernant les tensions commerciales entre les USA et la Chine, et cela pèse sur l’or. Et d’après les déclarations du ministre des Affaires étrangères cette semaine, cela devrait perdurer. Ainsi, selon Jonathan Butler, analyste de matières premières chez Mitsubishi à Londres, dont les propos sont rapportés ici, l’or devrait continuer à être sous pression : « Tant que le dollar restera relativement bien soutenu, les rendements continueront d'augmenter et l'histoire de la croissance économique américaine restera en place, il est difficile de voir d'où proviendra une forte hausse de l'or. » Et l’article de rappeler que le prix du métal précieux a reculé de pas moins de 12 % depuis avril, rajoutant que « Bien que l'or soit généralement présumé être un actif refuge, le fossé commercial de plusieurs mois entre Washington et Pékin a incité les investisseurs à opter pour le dollar américain, persuadé que les États-Unis ont moins à perdre du conflit ».

Pourtant, le début de journée avait bien commencé. Pour Boursorama, ce même vendredi 14 septembre au matin, « l'once tente de finir la semaine à 1 200 dollars ». Il atteignait ainsi 1 206,2 dollars au terme du premier fixing du jour sur le marché londonien, suite à un léger recul du billet vert, principale devise de négoce de l’or. On apprenait ainsi que « L'euro a en effet repris la barre des 1,17 dollar en profitant d'un ton un peu plus 'faucon' de la part de la BCE, ainsi que d'une certaine réduction des craintes concernant les économies émergentes et la guerre commerciale menée par les États-Unis ». Néanmoins, le SPDR Gold Shares, premier ETF aurifère au monde, ne remontait pas pour autant, puisqu’il perdait 2,65 tonnes, à 742,5 tonnes, inscrivant un nouveau plus bas depuis plusieurs années. Une semaine avant, à titre de comparaison, il était à 746,9 tonnes.

 

L'or continue de danser autour des 1 200 dollars l'once

Cette semaine, rien de mieux à l’horizon pour la relique barbare. Dans un article relayant un news AOF, Agence option finance, Boursorama rapportait que ce mardi, « L'or au comptant abandonne 0,2% à 1 198,74 dollars l'once à Londres » rappelant que « Les investisseurs se désintéressent du métal jaune au profit des emprunts d'Etat, plus rémunérateurs dans un contexte de remontée des taux aux États-Unis. L'or ne joue pas son rôle de valeur refuge malgré le regain d'aversion pour le risque observé sur les marchés lié notamment aux tensions commerciales mondiales ». 

Mais mercredi, en cours de journée, « Les cours de l’or reviennent vers les 1205$ » peut-on lire dans cet article de BullionVault : « Les cours de l’or ont grimpé mercredi à Londres vers les 1 205 dollars l’once alors que les prix des parts des ETF or ont affiché leurs niveaux les plus élevés jusqu’ici cette semaine. » Pourquoi cette hausse ? Parce que les indicateurs économiques US publiés n’étaient pas bons : « Les indicateurs économiques US ont montré un plongeon sans précédent dans le nombre de nouveaux permis de construire de logements émis le mois passé. » Résultat, le billet vert a reculé. L’article revient également sur les raisons du manque d’engouement pour l’or de ces derniers mois : « L’or ne se comporte pas comme la valeur refuge qu’il est censé être, a indiqué l’analyste Nitesh Shah chez ETF Securities aux micros de Reuters.Mais les investisseurs US n’ont pas eu besoin d’une valeur refuge depuis que le cours de l’or a percé les 1 200 dollars à la mi-août. Les marchés des actions US ont grimpé de presque 3% et ont fixé de nouveaux plus hauts historiques selon l’indice S&P500. »

Pourquoi il faut désormais acheter de l'or...
C’est le sujet fort intéressant abordé par
Ecorama du mercredi 19 septembre alors que l’or a perdu du terrain cette année. L’or ne brille pas par ses gains, grevé par la hausse des marchés financiers depuis 10 ans mais aussi par une vivacité du billet vert. Laurens Lafont, rédacteur en chef de la lettre d'investissement Propos Utiles, interviewé dans cette vidéo, précise qu’il n’est pas pour autant à délaisser. La production d’or plafonne, voire décline, les États sont surendettés, il y a plein de raisons pour que l’or revienne, tôt ou tard, sur le devant de la scène et récupère son rôle de valeur refuge. Il rappelle également que le marché de l’or est cyclique : en baisse depuis 8 ans, l’or pourrait tout à fait remonter et s’installer dans un marché haussier.

Les achats d’or indiens sont touchés par des « tendances adverses »
L’or aurait dû être soutenu, en cette rentrée, par les achats d’un des plus gros consommateurs d’or au monde, l’Inde. En effet, c’est la saison durant laquelle les Indiens achètent généralement de l’or en prévision des festivités. BullionVault, dans un article du mardi 18 septembre, revient sur les raisons expliquant pourquoi cela n’a pas été le cas cette année : « Les achats d’or par les foyers en Inde subissent des difficultés alors que l’on s’approche de la fin de l’année, et ce malgré la saison habituellement forte des festivals hindous. Alors que les importations d’or ont fortement augmenté en août, il y a eu des tendances adverses en Inde. (…) La roupie se dépréciant a poussé les cours domestiques à la hausse et a réduit les intérêts d’achat, a indiqué le groupe d’affinage allemand Heraeus. » Autre facteur : les moussons importantes qui ont lieu cette année : « La demande pour l’or pourrait être plus fortement endommagée à cause des revenus plus modestes des exploitations agricoles du fait de la réduction des rendements des récoltes après une saison de la mousson erratique en 2018. » Et d’ajouter : « L’autre raison citée est aussi les inondations meurtrières dans l’état du sud, le Kerala, région du plus fort taux de dépenses dans l’or en Inde par habitant. » Des changements structurels de la demande d’investissement sont aussi en cause dans ce recul d’achat d’or en Inde : « L’accès amélioré aux services financiers a offert aux foyers indiens plus de choix au-delà du simple achat d’or comme produits d’épargne. La détention de compte bancaire est passée en quatre ans de 53% à 80% de la population.Les entreprises de microfinance et les banques de petits paiements ont aussi aidé à accroître l’inclusion financière dans les plus petites villes et villages, a indiqué Metals Focus, avec l’accès internet plus rapide permettant aussi aux gens d’utiliser les applications mobiles pour épargner et investir. » Enfin, la population indienne est désormais en majorité jeune : plus de 65 % de la population a moins de 40 ans ! Ainsi, « Leurs habitudes d’épargnants sont fort différentes de celles de leurs parents et grands-parents. Les jeunes sont plus enclins à placer dans les actions et les obligations que dans l’or».