La valeur refuge pénalisée par la reprise du dollar

La semaine dernière, la relique barbare était plombée par le discours de Powell, largement faucon et confirmant la poursuite des relèvements des taux graduels. Jeudi dernier, l’or continuait sa baisse, comme on peut le lire sur Boursorama.com relayant une news CercleFinance.com. Alors qu’il cotait1 332,75 dollars le mardi 27 février, l’once dégringolait à 1311,25 dollars jeudi 1er mars au premier fixing du jour à Londres. Pourtant, les taux longs, tutoyant les 2,90 % dernièrement, se détendaient à 2,83 % : cela aurait dû profiter à l’or. C’était sans compter la baisse de l’euro : « alors que l'horizon politique de la zone euro est hypothéqué par l'Allemagne et l'Italie, l'euro, principal concurrent du dollar, se tasse. 'Le billet vert a enregistré en février sa meilleure performance mensuelle depuis novembre 2016', commente un spécialiste. Or le dollar est la principale devise de négociation du métal jaune : son appréciation fait baisser d'autant le prix de l'or dans cette devise, et inversement. »

Le lendemain, l’or reprenait son souffle, alors qu’il continuait de reculerau début de la semaine, lesté par les taux américains, indiquait AWP/AFP via ZoneBourse.com. Mais ce vendredi 2 mars, Trump soutenait l’or. En effet, son annonce sur les droits de douane a jeté le doute sur l’économie US, déjà menacée par les baisses d’impôts, et entraîné le dollar à la baisse. Et quand le doute s’installe sur les marchés, l’or en profite pour remonter, jouant son rôle de valeur refuge à plein : « L'annonce de la Maison-Blanche, qui confirme la volonté de Donald Trump de mener une guerre commerciale, a poussé les investisseurs à privilégier les valeurs refuges, dont l'or. »

Même constat pour
TradingSat.com relayant une news CercleFinance.com et qui titrait « Or : reprise de l'once avec la baisse du dollar » ce vendredi. Le métal précieux cotait 1 316,75 dollars, progressant de 9 dollars par rapport à la veille : « Sitôt rendue publique l'intention du président des États-Unis, Donald Trump, d'instaurer des droits de douane supplémentaires sur les importations d'acier (+ 25%) et d'aluminium (+ 10%) le dollar a mis un terme au mouvement de reprise qu'il avait à peine entamé. Le spectre d'une guerre commerciale a entraîné Wall Street à la baisse et pesé sur le dollar, qui reprenait pourtant de la hauteur depuis quelques séances (…)»Si le dollar baissait, les taux longs, eux, continuaient de se détendre, passant sous les 2,80 %, à 2,79 % : de quoi pousser les investisseurs vers les matières premières dont l’or.

Les cours de l’or n’ont pas bougé après les élections en Italie
Cette semaine, l’or limite la casse et reste stable, malgré les résultats des élections italiennes, explique BullionVault ce lundi 5 mars : « Les cours de l’or ont maintenu lundi matin à Londres le niveau de clôture de la semaine passée après les élections italiennes qui se sont tenues ce week-end. ». Il faut dire que Trump a inquiété les marchés avec ses déclarations de « guerre du commerce », marchés déjà fébriles suite aux élections dans la Botte, qui n’est pas moins que la 3e économie de la zone euro. Ainsi, le métal précieux cotait 1 327 dollarsce jour, mais perdait 5,90 dollars en fin de journée, d’après Les Échos.

DailyFx.com titrait ce lundi « Cours de l’or : Les craintes d’une guerre commerciale soutiennent l’once d’or » : « Donald Trump a de nouveau rendu les marchés volatils en annonçant la possible mise en place de nouveaux droits de douane sur les produits importés aux Etats-Unis. Ceux-ci concerneraient l’importation d’acier et d’aluminium sur le territoire des Etats-Unis. Cette décision ne fait que renforcer les craintes de protectionnisme aux Etats-Unis et qui pourrait peser sur la reprise économique mondiale. »

Mardi, vers midi, l’or se reprenait un peu, indiquait
CercleFinance.com, reprenant 4,55 dollars à 1324,95 dollars. En cause ? Une baisse du billet vert, suite aux menaces protectionnistes proférées par Trump entraînant des craintes pour l’économie américaine. Mais cela n’a pas suffi à porter l’or vers des plus hauts : « Cela étant, la valeur refuge peine à retrouver véritablement de l'allant alors que les taux longs demeurent tendus aux États-Unis : le rendement du T-Note fédéral à dix ans, qui la semaine passée était tombé sur les 2,80%, est remonté tout près de 2,90% ce midi. »

L’or restait sans tendance ce mercredi midi, lit-on dans l’article de
L’Express, mais au moins, il ne perdait pas du terrain. Il cotait 1332,5 dollars, comme 15 jours auparavant. Il aurait pu largement tirer son épingle du jeu, étant donné les propos de Trump, mais aussi et surtout la démission du conseiller économique Gary Cohn, ancien directeur de la banque Goldman Sachs. Et l’article d’ajouter que « selon la rumeur », il pourrait « être remplacé par Peter Navarro, un économiste connu notamment pour ses positions protectionnistes », ce qui ne risque pas de lever les inquiétudes…

Mais le métal jaune finissait la journée en demi-teinte, indique
BullionVault : « Les cours de l’or ont reculé mercredi à Londres contre un dollar s’affaiblissant, perdant 10 $ par rapport aux pics d’une semaine à 1 340 dollars l’once, dans un contexte de tension concernant la guerre commerciale de Trump et la démission de l’un de ses conseillers économiques, Gary Cohn. » Les chiffres US ont ainsi pesé sur la valeur refuge. En effet, « les données ADP sur les emplois du secteur privé ont montré que l’économie US avaient créé plus de postes en février qu’attendu, avec les chiffres de janvier revus à la hausse ».

Gold : Méfions-nous de l’eau qui dort

C’est le titre d’un article de ZoneBourse.com du jeudi 1er mars, titre tout justifié car bien que l’or ne batte pas des records ces dernières semaines, voire perd du terrain, il n’en reste pas moins une valeur refuge par excellence. « Les investisseurs se détournent toujours autant de la brillance de l’or, dont les prix oscillent péniblement depuis le début de l’année autour de 1330 USD. Même la résurgence éclair de la volatilité sur les marchés, ou encore le come-back de l’inflation n’y change rien, le métal jaune ne parvient plus à séduire », peut-on lire. En effet, le métal précieux pâtit du regain de forme du billet vert. Le retour de l’aversion au risque, illustré par une explosion du VIX – indicateur de la peur – de plus de 150 % n’y change rien. Les baisses violentes sur le marché action poussent les investisseurs, pris de court, à « prendre des bénéfices ou bien couper des positions sur d’autres actifs pour faire face à leurs engagements ». Le rôle de valeur refuge de l’or n’est ainsi pas remis en question. Son avenir semble même plutôt prometteur : en 2017, si la demande globale en or a baissé, celle en bijouterie a progressé de 4 %. Et autre facteur poussant l’or à la hausse, l’offre plafonne : « Celle-ci est composée de la production minière, à laquelle on doit y ajouter le recyclage. Si l’offre émanant du recyclage est relativement imprévisible, celle de la production minière l’est nettement moins. Elle dépend ainsi principalement des investissements dans le secteur minier (en berne du fait de la fragilité financière des principaux acteurs), de la teneur moyenne des nouvelles exploitations aurifères (de plus en plus faible) et de la réglementation environnementale (de plus en plus stricte). L’ensemble de ces éléments prête à penser qu’une baisse de l’offre dans les prochaines années demeure envisageable. » Traduction : si la pénurie n’est pas forcément pour tout de suite, le marché de l’or semble pourtant y tendre inexorablement à long terme. De quoi inciter à se positionner sur le métal précieux avant qu’il ne soit trop tard…