Or : taux et dollar pèsent sur la valeur refuge

Lundi dernier, l’once d’or avait commencé la semaine sous pression. Mercredi, elle cotait 1 328,5 dollars au terme du premier fixing de Londres. Jeudi, les taux et le dollar continuaient de peser sur la relique barbare, comme on peut le lire dans cet article de L’Express du jeudi 8 février. La valeur refuge perdait pas moins de 13,6 dollars par rapport à la veille, cotant 1311,05 dollars. On peut dire que l’or manquait pour le moins de soutien cette semaine-là. Le dollar a repris de sa vigueur, et les taux n’ont de cesse de se tendre. L’or n’ayant aucun rendement, c’est tout naturellement que les investisseurs délaissent le métal précieux et se tournent vers le marché actions. Et si les taux montent c’est notamment parce que «de plus en plus d'opérateurs anticipent que la FED ne relèvera pas trois fois ses taux courts cette année, mais plutôt quatre fois ». Enfin, le rendement du T-note fédéral à 10 ans atteignait« 2,85% ce midi, soit non loin du record depuis janvier 2014 (2,88%) touché lundi ».

Justement, vendredi, une news CercleFinance.com via TradingSat.com évoquait l’appréciation du dollar mais aussi d’autres facteurs qui auraient pu porter l’or : « En huit jours, les indices Dow Jones IA et Nasdaq Composite ont perdu environ 6,5% de leur valeur à New York, sur fond de regain de perspectives d'inflation aux Etats-Unis et de brusque augmentation de la volatilité boursière. » Mais le premier ETF aurifère au monde, le SPDR Gold Shares, continuait de fondre : « il s'est contracté d'environ 600 kilos hier soir à 821,3 tonnes, son plus bas niveau depuis l'été 2017».

« L'or ne profite pas du regain de l'aversion au risque », c’est le titre d’un article des Échos en date du vendredi 9 février.Il explique ainsi que « Les cours de l'or sont orientés à la baisse depuis leur point haut atteint le 24 janvier, plombés par la remontée du dollar et des taux réels américains, en dépit d'un net regain de l'aversion pour le risque, qui reste circonscrit aux marchés actions ». Pourtant, en cas de risque d’inflation, l’or peut s’inscrire comme une garantie… mais à long terme : « L'or est traditionnellement considéré comme une couverture contre le risque inflationniste, mais c'est un phénomène à très long terme. L'or n'offre une couverture appropriée contre l'inflation que sur une très longue période de temps» Dans l’immédiat, le métal jaune n’est que peu attrayant pour les investisseurs dans ce contexte de taux qui se tendent.

Or : fermeté de l'once avant l'inflation américaine

Cette semaine, l’or s’est un peu repris. Mardi 13 février, Investing.com se posait la question « L’or retrouvera-t-il son éclat ? ». On peut ainsi lire que l’once a vu sa valeur monter de 3 % en janvier « après avoir atteint un sommet de 17 mois le 25 janvier, proche du niveau de 1 370 $, alors que le dollar américain recule et booste sonattrait ». Depuis, elle a été en repli, ce qui a surpris une large majorité d’investisseurs qui attendaient plutôt à une progression du métal jaune. En effet, la valeur refuge a plongé en même temps que les Bourses. Bien sûr, l’article voit ainsi la raison de cette baisse dans « la hausse des rendements obligataires et la remontée du dollar». Les marchés commencent à intégrer l’idée que la FED ne relèvera pas 3 fois les taux d’intérêt, mais peut-être 4 fois et l’indice de confiance du billet vert a progressé.

Mercredi 14 février, la relique barbare cotait ainsi 1330,75 dollars, progressant de 5,4 dollars par rapport à mardi, rapporte
CercleFinance.com via TradingSat.com. Même si le rendement du T-note restait à 2,83 %, les inquiétudes concernant les conséquences de la baisse d’impôts mise en place par l’administration Trump sont toujours présentes ainsi que des craintes d’inflation également. Néanmoins, l’article précise : « l'inflation est un peu de retour dans les pays du G7. La moyenne est à 1,7%, mais c'est légèrement plus bas qu'en février 2017 (1,8% à l'époque). Par conséquent, l'inflation ne devrait pas vraiment être un facteur d'inquiétude pour les marchés. »


India Times(en anglais) évoquait la progression de l’or ce mercredi : « Les prix de l'or ont augmenté pour une troisième séance consécutive mercredi pour atteindre un plus haut d'une semaine, soutenus par un dollar plus faible, tandis que les investisseurs attendaient des données d'inflation américaines pour obtenir des indices sur le rythme des hausses futures des taux d'intérêt. » L’or gagnait ainsi 0,2 %, ayant atteint un plus haut en séance à 1 336,86 $, soit son plus haut niveau depuis le 6 février.

« Le prix de l'or rebondit alors que le dollar américain montre des inquiétudes face à la croissance des déficits américains » et c’est un article de
Kitco.com(en anglais) qui en parle dans un article lui aussi du 13 février. L’or continue d’évoluer au gré des soubresauts du billet vert. Ce jour, il progressait donc suite à une perte de vitesse du billet vert : « Le marché de l'or retrouve un terrain perdu mardi, bénéficiant d'un dollar américain plus faible alors que les marchés continuent de digérer le budget proposé par le président Donald Trump pour 2019 (…) qui propose de dépenser 4,4 billions de dollars sur 10 ans. » Les chances que le budget soit adopté par le Congrès en l’état restent cependant limitées : « Le budget de Trump vient après le projet de loi sur les dépenses d'infrastructure qui coûterait 1 500 milliards de dollars sur 10 ans. L'augmentation des dépenses intervient également après que le Congrès a adopté une réforme fiscale historique et des réductions qui devraient réduire les revenus du gouvernement de 1,5 billion de dollars sur 10 ans. » Le déficit risque de se creuser et de peser à nouveau sur le dollar… mais de bénéficier à la valeur refuge !


La production d'or russe 2017 à 306,9 tonnes
Cet article de
MiningWeekly.comrelayant une news Reuters du mercredi 13 févrierévoque l’augmentation de la production d’or de la Russie en 2017, pays étant également un des plus gros acheteurs de ce métal précieux au monde : « La Russie a produit 306,9 t d'or en 2017, contre 288,5 en 2016, a annoncé mardi le ministère des Finances. »

Bitcoin : le début du krach ? Qu’en pense l’or ?
Et c’est Simone Wapler chez
Économie Matin qui pose la question vendredi 9 février. L’or et la cryptomonnaie Bitcoin n’ont eu de cesse d’être comparés ces derniers mois. Et pour cause : la cryptodevise a littéralement explosé, faisant de l’ombre à l’or. Pourtant, ces deux-là n’ont rien à voir. L’auteur précise même que pour elle, le Bitcoin n’est pas une monnaie. Maintenant que Bitcoin est en train de s’effondrer, que fait l’or ? L’auteur s’interroge ainsi : « La chute du bitcoin marque-t-elle le début d’une nouvelle crise financière ? » Et d’ajouter cependant : « Quoi qu’il advienne, l’or semble aujourd’hui un placement très raisonnable. » « La baisse du Bitcoin a été suivie d’une chute des marchés actions. Le tout sur fond de chute lente des obligations (lorsque les taux montent les obligations baissent). Est-ce le début du grand krach et d’une nouvelle crise financière ? Nous savons que tout est trop cher et que tout est bulle : actions, obligations, immobilier. » L’or, lui, est bien tangible et s’il ne rapporte rien, il reste une bonne garantie en cas de tumultes sur les marchés : « L’or est à la fois un Bitcoin matériel et tangible. Ceux qui ont de l’or sont solvables car ils possèdent un actif financier qui n’est pas de la dette. L’or n’est pas cher… » Pour Simone Wapler, le marché haussier ne fait que commencer. Certes, l’or peut connaître un certain recul,« car les investisseurs professionnels qui en ont peuvent être contraints de le vendre pour éponger leurs pertes » mais la relique barbare finira par tirer son épingle du jeu.