Or : la valeur refuge délaissée en fin de semaine

Alors qu’en début de semaine dernière, l’or frôlait les 1 300 dollars, il perdait du terrain en milieu de semaine, comme en témoigne cet article de TradingSat.comqui relayait une news CercleFinance.com le jeudi 30 novembre. L’once cotait 1282,15 dollars, impactée par l’annonce de la croissance du PIB américain la veille : « (…) la croissance du PIB au 3e trimestre a été révisée en hausse de 3% à 3,3%, alors qu'elle n'était attendue par le consensus qu'à 3,2%. En conséquence, les taux longs se tendent : ainsi, le rendement du T-Note fédéral américain à dix ans, encore inférieur à 2,33% voilà deux jours, dépasse maintenant les 2,38%. »

Le lendemain, même constat pour
TradingSat.com. En effet, si vendredi 24 novembre l’once cotait 1 289,15 dollars au terme du premier fixing de Londres,7 jours plus tard « l'once de 31,1 grammes d'or cotait 1.277,25 dollars », soit 12 dollars de moins. Il perdait d’ailleurs 2,95 dollars par rapport à la veille. L’article explique ainsi cette baisse de la valeur refuge : « La valeur refuge fait face à toutes sortes de contrariétés. Hier, un indice des prix américain à la consommation très suivi par la FED, l'indice PCE, est resté ressorti à 1,4% sur un an, en octobre. Il est donc resté parfaitement inchangé en dépit de la faiblesse actuelle du taux de chômage aux Etats-Unis et de la bonne orientation de la conjoncture. » On peut aussi lire que les indices d’actions atteignent des sommets, marquant même des records, et que les taux longs se tendaient encore un peu plus par rapport à la veille : « Les taux longs demeurent élevés : 2,37% ce midi pour le T-Note à dix ans, bien loin des 2% environ frôlés au début du mois de septembre. » De quoi détourner les investisseurs de l’or qui, par définition, ne donne aucun rendement.

Même constat pour ZoneBourse.com, dans le relai d’une news AFP/AWP : « L'or a perdu de son éclat lors d'une semaine sans relief, sur fond de spéculations sur le calendrier de relèvement des taux de la banque centrale américaine. »Le relèvement des taux, qui n’a pas encore eu lieu, a déjà été intégré par les marchés, et fait baisser le métal jaune : « La perspective d'une hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (FED) soutient le dollar et dessert à l'inverse les cours de l'or, libellés en dollars et qui sont dès lors plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises. » L’or finissait même la journée à un plus bas depuis le 14 novembre, à 1 270, 41 dollars.

La force du dollar fait plier l’once d’or
Cette semaine, le métal jaune poursuit sur la même lancée. DailyFx.com, dans un article du mardi 5 décembre, revient sur les causes de cette chute de la relique barbare. Elle est à chercher du côté bien évidemment du dollar, qui s’est renforcé en raison de l’avancée faite sur la réforme fiscale de Trump, qui a été au point mort ces dernières semaines : « La réforme fiscale Américaine devrait être validée avant la fin de l’année malgré certaines divergences persistantes. (…) Pour les investisseurs cette réforme fiscale semble déjà validée, à en croire la valorisation actuelle des sociétés Américaines. » La réforme n’a cependant encore été ratifiée : « Dans l’attente la force du dollar pourrait continuer de peser sur le cours de l’or mais si d’autres divergences apparaissaient entre les deux partis du congrès Américains le dollar pourrait de nouveau faiblir et le cours de l’or pourrait être acheté comme valeur refuge. »


Mercredi, le métal précieux tente un maigre rebond. Dans un article du mercredi 6 décembre, TradingSat.comrapporte que l'once d'or cotait 1268,55 dollars au premier fixing du jour à Londres, prenant néanmoins 2,5 dollars depuis le mardi. C’est encore une fois la mise en place de la réforme fiscale, qui semble progresser, qui met à mal la valeur refuge : « (…) il pourrait donc déboucher sur une baisse massive de l'impôt sur les sociétés américaines. De quoi doper les profits des actions américaines et la croissance économique, deux éléments relativement défavorables à l'or. » Les investisseurs ne sont pas donc enclinsà revenir vers la relique barbare…

Faut-il croire au retour de l’or ?
C’est
Le Monde qui posait la question dans un article du 2 décembre suite à l’abandon de l’ISF par le gouvernement au profit de l’IFI. Si l’or en est désormais sorti, la fiscalité sur les transactions va cependant être alourdie. L’article, qui rappelle que le CAC 40 a monté de plus de 10 % depuis début 2017, souligne le paradoxe du rebond de l’or de la semaine dernière, où il frôlait les 1 300 dollars avant de repartir à la baisse, rappelant que l’or, fin 2016, cotait 1 150 dollars : « Plus qu’un retour du risque ou une amélioration des fondamentaux du marché de l’or, il faut y voir un «effet Trump». Le fossé entre les promesses de campagne du président américain et le bilan assez mince de sa première année à la Maison Blanche a mis le billet vert sous pression. » Et de préciser également : « Si le cours de l’once d’or a progressé de plus de 10 % en 2017, c’est en raison de la baisse du dollar. En euros, la valeur de l’or n’a pas augmenté. » On peut alors légitimement se poser la question si l’or fait son retour ou pas et s’il faut se positionner dessus. Bien que cette matière première soit une réserve de valeur, l’article reste mitigé : « Est-il judicieux pour un épargnant de se positionner sur l’or ? Pas sûr. La demande mondiale a reculé de 9 % au troisième trimestre, à 915 tonnes, selon le World Gold Council, qui évoque la faiblesse de la demande en bijouterie et des changements fiscaux défavorables en Inde. En outre, basculer brutalement vers l’or serait prendre le risque de manquer la poursuite de la hausse des actions, au moment où celles-ci offrent des perspectives favorables. » Néanmoins, les taux négatifs plaident en faveur de l’or, et l’article d’ajouter : « (…) la demande mondiale de pièces et lingots de la part des investisseurs se maintient à un niveau élevé, autour de 1 000 tonnes par an. Les banques centrales ne vendent plus d’or depuis 2008, et certaines, comme les banques centrales russe et turque, continuent d’en acheter. »Et puis il y a la fiscalité de l’or en elle-même : « lorsque le vendeur ne peut pas justifier de la date et du prix d’achat, la taxe forfaitaire devrait passer de 10,5 % à 11,5 % du montant vendu. Si l’on détient une facture, la taxation ne concerne que la plus-value mais, avec la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), elle devrait passer de 34,5 % à 36,2 %. »Néanmoins, « la taxation est dégressive à partir de deux ans de détention et l’exonération totale est obtenue au bout de… vingt-deux ans ».


Or : le Bitcoin fait-il de l’ombre à l’once ?

Compte tenu de la montée en flèche plutôt vertigineuse de la cryptomonnaie,
Le Revenu s’interroge sur la pertinence de détenir de l’or : « L’envolée du bitcoin fait les gros titres de l’actualité. À côté de la plus célèbre des cryptomonnaies, dont le cours a bondi de 1000 dollars en début d’année à 10000 dollars le 28 novembre, le métal jaune fait vraiment pâle figure. À 1293,80 dollars, l’once a perdu 4% depuis son plus-haut de 2017 touché en septembre dernier à 1 345 dollars. »Sans compter que les futurs relèvements des taux par la FED en 2018 devraient peser sur l’or. Mais est-ce pour autant une raison pour se tourner vers Bitcoin, bien qu’il n’y ait rien à voir « entre une monnaie électronique dépourvue de toute contrepartie physique et l’or, qui garnit les salles des coffres des banques centrales, alimente la bijouterie et l’industrie électronique mondiales en métal précieux » ? « Sans doute, le bitcoin cristallise-t-il davantage que l’or les pulsions spéculatives des millenials, c’est-à-dire la génération de tous ceux nés entre 1980 et l’an 2000. L’épopée du bitcoin finira-t-elle comme la fameuse bulle spéculative des bulbes de tulipes qui éclata à Amsterdam en septembre 1637 ? Même si le bitcoin offre un rendement de 411% l’an (!) depuis 2010, on est loin, selon les historiens de la spéculation, des délires de la tulipomanie du XVIIe siècle. »

« "Comparer le Bitcoin à l'or est d'une stupidité absolue !", selon Jean-Hervé Lorenzi », c’est une vidéo concernant l’actualité économique publiée sur
Boursorama le 1er décembre qui abonde ainsi dans le sens que Bitcoin et l’or ne sont pas comparables. Pour l’économiste, « le Bitcoin aura un problème un jour où l’autre » puisque « c’est un algorithme qui décide des montants des Bitcoin qui sont mis sur le marché ». L’or, lui, reste tangible, ce qui n’est pas le cas de la cryptomonnaie.