Yellen fait monter l’or 

Rappelez-vous, le vendredi 10 mars, l’or avoisinait tant bien que mal les 1 200 dollars. Une semaine plus tard, « Janet Yellen fait s'envoler les cours de l'or », comme le titraient Les Échos. Après le relèvement des taux US par la FED, l’or est « en ébullition » : « Le prix de l'once a gagné jusqu'à 2,7 % : une progression sans égal depuis le 9 novembre, jour qui a suivi l'élection présidentielle américaine. L'or, qui était en perte de vitesse depuis le début du mois de mars, a aisément repassé le seuil des 1.200 dollars pour atteindre 1.230 dollars. » Un effet plutôt étonnant, compte tenu du fait qu’un relèvement des taux est censé soutenir le dollar et jouer en défaveur du métal jaune, du moins en théorie. Les commentaires de la présidente de la Réserve fédérale ont semé le trouble : « La Fed entend remonter ses taux encore deux fois cette année, a expliqué Janet Yellen. Or, certains s'attendaient à un durcissement de la politique monétaire plus rapide en 2017. Conséquence, les traders sur l'or, sondés jeudi par Bloomberg, ne s'étaient pas montrés aussi optimistes depuis deux mois. »  Mais l’or est aussi une bonne protection contre l’inflation : « La Fed a, en outre, légèrement relevé sa prévision d'inflation de base à 1,9 % (qui ne tient pas compte des prix de l'énergie). »

ZoneBourse.com publiait également ce vendredi 17 mars un article intitulé « L'or remonte grâce à une Fed prudente ». La FED a été plutôt prudente quant aux rythmes des relèvements des taux d’intérêt. Ainsi, après la réunion du 14 et 15 mars derniers, aucune annonce sur une prochaine action à courte échéance n’a été faite : « La Fed a indiqué qu'elle adopterait un rythme plus lent du resserrement monétaire que les marchés ne l'attendaient en 2017. Cela a déçu certains investisseurs qui ont donc délaissé le dollar", a expliqué Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. » Et c’est sans compter un regain d’appétit global pour l’or en raison de la baisse récente du prix de l’once et ce, malgré l’apaisement des tensions en Europe après les élections aux Pays-Bas qui n’ont finalement pas vu gagner le parti d’extrême droite. Des doutes persistent néanmoins dans la zone euro comme aux États-Unis et en cas de doute, les investisseurs se tournent bien sûr vers la valeur refuge : « Les incertitudes persistantes, le risque politique aux Etats-Unis et dans le reste du monde ainsi que les tensions géopolitiques devraient galvaniser l'or jusqu'à la fin de l'année", ont estimé les analystes de RBC Capital Markets. »

EasyBourse aussi titrait « Nette hausse du prix de l’or cette semaine », indiquant cette étonnante remontée de la valeur refuge malgré un relèvement des taux, certes déjà intégré par les marchés avant même la réunion de la FED. C’est d’ailleurs ce détail qui a dû peser dans la balance : les investisseurs ont ainsi seulement retenu les propos prudents de Janet Yellen : « Malgré une nouvelle hausse du taux directeur de la Réserve fédérale américaine, de 0,25%, la matière première a vu son prix prendre de l’ampleur cette semaine. La Banque centrale américaine s’est efforcée de souligner que sa nouvelle intervention ne s’expliquait pas par une réévaluation positive de l’évolution de la conjoncture économique. (…) Dans ces conditions, la FED table sur deux autres éventuels relèvements de son taux directeur d’ici la fin de l’année, et non pas trois comme attendu par certains investisseurs. Cette relative prudence affichée a eu pour conséquence une baisse du dollar. Le billet vert recule de 0,6% sur la semaine. »  

L’or en hausse revient autour des 1 240 dollars
C’est justement ces risques accrus qu’évoque Boursorama comme raison de la hausse de l’or. Ainsi, le 22 mars, on apprend que « Au terme du premier fixing du jour sur le marché de référence de Londres, l'once d'or cotait 1 246,1 dollars (+ 4,5 dollars par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1154,8 euros (+ 6,4 euros). Soit son plus haut niveau depuis le tout début du mois ». Mais cette fois, c’est outre-Atlantique que les craintes augmentent. La politique économique de Trump prend du temps à se mettre en place, trop de temps pour les investisseurs qui s’impatientent quelque peu : « «La mise en place des mesures promises par Donald Trump et attendues par les marchés semble piétiner. En effet, le nouveau président américain semble rencontrer énormément d'obstacles sur la réforme de l'Obamacare après les échecs essuyés pour sa réforme de l'immigration», commentent les spécialistes de Saxo Banque. «Les marchés se montrent donc plus nerveux, s'interrogeant sur la capacité du président américain à tenir ses promesses», ajoutent-ils. » Ainsi, « Hier soir d'ailleurs, la masse de lingots adossée au SPDR Gold Shares est remontée de 830,2 à 834,4 tonnes». 

Quelles sont les perspectives de l’or ? Difficile à dire… Malgré cette remontée fulgurante, mardi 21 l’or était néanmoins en baisse d’après cet article de
Trading.Sat.com : «  Au terme du premier fixing de ce mardi à Londres, l'once d'or cotait 1232,05 dollars (- 0,35 dollar par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1141,4 euros (- 4,8 euros). » Une baisse toute relative cependant… 



Le cours de l’or influence la déforestation

C’est un article très intéressant du 22 mars de La Croix qui évoque le lien étonnant au premier abord existant entre le cours de l’or et la déforestation du plateau des Guyanes, à cheval sur le Guyana, le Suriname, la Guyane française, et le Brésil, et couvrant une surface proche de la taille de la France. Ainsi peut-on lire que cette forêt, « depuis le début des années 2000, (…) subit les ravages de l’orpaillage clandestin malgré, notamment, les opérations militaires menées par l’armée française en Guyane dans le cadre de l’opération Harpie lancée en 2008 ». C’est une étude publiée dans Environemental Research Letters qui révèle information. Des écologues forestiers, en analysant les cartes de déforestations issues d’images satellites, ont pu établir « un lien très fort entre le cours mondial de l’or et la déforestation liée à l’orpaillage illégal » : « Lorsque le cours de l’or était en deçà de 400 dollars l’once, voici une quinzaine d’années, environ 2000 hectares de forêts étaient annuellement abattus par l’orpaillage. Quand il a flambé, pour atteindre 1 600 dollars l’once en 2011-2012, la déforestation a touché près de 9 000 ha par an. » Un lien à la baisse constaté quand le cours de l’or a chuté en 2012.

L’Humanité était également revenu sur les résultats de cette étude dans
un article du 15 mars :  « Les observations mettent en évidence de très grandes disparités entre les pays concerné », reprend Bruno Hérault. Alors que la déforestation liée à l’orpaillage explose au Guyana et au Suriname, elle stagne en Guyane française et en Amapá (État nord du Brésil), zones où la répression de l’activité minière illégale fait ou a fait face à de fortes politiques de répression. De fait, cette répression n’a pas permis de l’endiguer. Elle l’a juste déplacée, voire amplifiée, estiment les chercheurs. »

 

L’or comme ultime police d’assurance
Dans un article paru le lundi 20 mars,
Le Revenu laissait la parole à Benjamin Louvet, gérant matières premières chez Ofi Asset Management. Ce dernier explique que « Le contexte est particulièrement favorable au retour de l’inflation » : « C’est en tout cas la conviction d’Alan Greenspan, ancien président de la Fed de 1987 à 2006 qui, dans une interview qu’il a donnée à Gold Investor en février, explique que «le risque d’inflation commence à augmenter». «Aux États-Unis, le taux de chômage est à présent inférieur à 5%», indique-t-il, «ce qui a traditionnellement généré des tensions sur les salaires et les coûts unitaires». » L’article rapporte également les propos de Greenspan, ancien président de la FED, interviewé par Gold Investor en février : «Investir dans l’or aujourd’hui est une assurance» dit-il. Avant d’ajouter : «Je vois l’or comme la principale devise mondiale. C’est la seule devise, avec l’argent, qui ne présente pas de risque de contrepartie [...] L’or, tout comme l’argent, est la seule devise ayant une valeur intrinsèque.» » Un ancien patron de la Réserve fédérale qui dit ça c’est pour le moins très parlant quant à la situation économique actuelle…

Consommation d’or en Inde : toujours en berne pour 2017 ?
Les Échos reviennent sur la baisse de la consommation d’or en Inde qui « a acheté l'an passé 676 tonnes de métal précieux, soit 21 % de moins qu'en 2015 ». En cause : les politiques monétaires menée par Modi visant à limiter les achats d’or par les particuliers, comme nous en avons parlé lors de nos précédentes revues de presse. Quoi qu’il en soit, l’article met en avant le fait que cela ne s’arrangera peut-être pas cette année puisque de nouvelles mesures devraient être mises en place : « À compter du 1er avril, par exemple, les transactions en cash supérieures à 300000 roupies, soit 4500 dollars, seront interdites. «C'est l'Inde rurale qui sera la plus touchée, là où la population n'a pas nécessairement accès aux chèques et aux paiements électroniques», indique le CMO. Pour les paysans, le métal incarne la notion de patrimoine et d'épargne. L'association estime donc que cela pourrait entraîner une baisse des achats d'or, ou bien une atomisation des opérations : les clients achèteraient des volumes de métal plus petits échelonnés sur plusieurs transactions. »