L’or en baisse à l’approche de la FED 

Après un mois de janvier et février en hausse, l’or continue de dégringoler. Sur ZoneBourse.com, la cause est claire : « L'or recule avant la hausse des taux de la FED » titrait un article du vendredi 10 mars. La valeur refuge a ainsi été pénalisée par un dollar plutôt en forme étant donné que la Réserve fédérale américaine allait relever ses taux directeurs : « L'once d'or a reculé vendredi à son plus bas niveau depuis fin janvier, à 1.194,93 dollars l'once. » Et d’ajouter que « «Ce trimestre, la corrélation entre attentes de hausse des taux américains et prix de l'or atteint des niveaux inimaginables, et le métal jaune pourrait reculer à nouveau puisque la FED pourrait relever ses taux à plusieurs reprises en 2017», a prévenu Lukman Otunuga (analyste chez FXTM, Forex Time, ndlr). D'autres analystes espéraient néanmoins que l'or rebondirait ».

Vendredi 10 mars, L’Express titrait « Or: l'once 'casse' la barre des 1 200 dollars ». Rappelons que le 24 février, l’or avoisinait les 1 260 dollars… Ainsi, « Au terme du premier fixing de ce vendredi à Londres, l'once d'or fin cotait 1196,55 dollars (- 10 dollars par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1 127,1 euros (- 12,2 euros) ». Cette dégringolade s’explique notamment en raison d’un regain de confiance des investisseurs envers l’économie américaine et donc le dollar : les chiffres sur l’emploi meilleurs que prévu et les perspectives du relèvement des taux d’intérêt par la FED sont autant de signes qui soutiennent l’économie et donc le billet vert… Et quand le dollar retrouve les faveurs des investisseurs… l’or en pâtit : « L'or, qui par nature ne rapporte rien, en souffre aux yeux des investisseurs. D'ailleurs, l'encours du SPDR Gold Shares a de nouveau reculé hier de 2,7 tonnes à 834,1 tonnes, et se situe désormais plus de dix tonnes sous le niveau qui était le sien le 2 mars dernier. »

Sur LeBlogFinance.com, le dimanche 12 mars, on parlait aussi du cours d’or « plombé par l’attente d’une hausse imminente des taux de la FED». L’article revient sur cette baisse du vendredi 10 mars : « Le précieux métal aura été pénalisé par la vigueur du dollar, laquelle se trouve renforcée par des propos de la Réserve fédérale américaine laissant entendre que la hausse de ses taux directeurs serait imminente. Les marchés semblent désormais tabler sur un relèvement des taux lors de la prochaine réunion de la FED courant mars, mettant ainsi la pression sur le cours de l’or. » Et de préciser que la demande d’or a également baissé : l’Inde et la Chine, les fêtes étant passées, achètent moins d’or, ce qui ne manque pas de jouer en défaveur de la relique barbare : « La réforme de démonétisation en Inde et les changements de consommation observés en Chine devrait engendrer un maintien du phénomène durant l’année 2017. Au final, au fixing du soir vendredi, l’once d’or aura terminé à 1202,65 dollars sur le London Bullion Market, contre 1 226,50 dollars en fin de semaine dernière. »

Si certains analystes pensent que l’or pourrait chuter encore dans les prochains moins, d’autres sont plus optimistes et« tablent néanmoins sur un possible rebond de l’or, considérant que le cours actuel a d’ores et déjà intégré la hausse des taux. De ce fait, ils ne s’attendent pas à une baisse supplémentaire des prix. Au contraire, selon eux, le niveau relativement bas des prix observé à l’heure actuelle peut être vu comme une véritable opportunité pour les investisseurs pour acquérir à moindres coûts un placement permettant de se préserver des incertitudes du marché ».

 

Les Échos abondent d’ailleurs en ce sens. Même si à première vue la situation est peu favorable au métal jaune, l’article publié ce mercredi 15 mars nuance tout de même la situation : « L'incertitude politique pourrait profiter au métal, malgré la montée du dollar et des rendements obligataires. » Même si les chosespourraient s’empirer dans les mois prochains pour l’or si la FED continuait sa politique de relèvement des taux, « ce serait toutefois compter sans le contexte géopolitique actuel - hautement incertain -, qui pourrait faire contrepoids. Au choix, le stratégiste matières premières chez Saxo Bank, Ole Hansen, cite la politique américaine de l'ère Trump, l'élection présidentielle française, l'affrontement entre la Turquie et les Pays-Bas, et l'impasse en mer de Chine du Sud entre la Chine et le Japon ».


L’or remonte avec les incertitudes planant sur les élections présidentielles en Europe
Mardi, l’or remontait au-dessus des 1 200 dollars comme le rapporte Tradingsat.com : « Au terme du premier fixing du jour sur le marché de Londres, l'once d'or cotait 1.203,55 dollars (- 0,65 dollar par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1.130,9 euros (+ 1,8 euro). »

C’est un article de Reuters via BusinessLive.com qui revient sur cette légère remontée de l’or mercredi 15 mars. Pourquoi l’or remonte alors que la FED a bien relevé ses taux de 0,25 % ? « Les prix de l'or ont grimpé mercredi en raison de l'incertitude entourant le résultat des élections néerlandaises, alors que les marchés attendaient des indices sur le rythme des hausses des taux d'intérêt américains en 2017. (…) Les investisseurs se sont aussi concentrés sur les élections néerlandaises du mercredi, qui ont stimulé l'attractivité de l'or. Le parti pour la liberté est considéré comme ayant peu de chances d'arriver au pouvoir, mais une forte performance électorale pour le groupe qui veut «désislamiser» les Pays-Bas alimenterait le souci d'un résultat surprenant lors des élections présidentielles françaises en avril et mai. » Sans oublier la situation en Grande-Bretagne où « les inquiétudes se sont accrues au cours d'un second référendum sur l'indépendance écossaise et le déclenchement de l'article 50, qui ouvrirait formellement les négociations britanniques pour quitter l'UE ». Autant de facteurs pouvant soutenir l’or.

Les réserves d’or des banques centrales surévaluées 

Dimanche 12 mars, un article de Contrepoints revient sur l’état des réserves d’or des banques centrales… qui seraient surévaluées.Ainsi apprend-on que les banques se prêtent de l’or… mais pas physiquement, prêtant alors le même or à plusieurs banques : c’est ce que l’on appelle la réhypothécation. « Un même lingot peut être comptabilisé plusieurs fois sur le bilan de différentes banques centrales. » La Banque centrale mexicaine l’a d’ailleurs reconnu il y a peu. Mais comme l’explique l’auteur de l’article, « reste à savoir quelle est l’ampleur de cette pratique, impossible à évaluer. Il suffirait que les banques centrales fournissent les numéros de leurs lingots pour clarifier les choses. Ce que vient de faire la Banque centrale du Mexique, d’après cet article de Guillermo Barba ».

Mesures de Modi pour recycler l’or : un flop
Vous vous souvenez sans doute de la mesure prise par Modi, le Premier ministre indien, avec le plan de monétisation lancé à l’automne 2015. Comme l’explique RFI mercredi 15 mars, le but était notamment d’inciter les particuliers et les temples à déposer leur or auprès des banques. En effet « l’objectif était d’éviter que l’Inde ne continue d’importer toujours plus d’or. Un fardeau pour la balance commerciale, 27 % du déficit, encore l’an dernier ».Malheureusement, le gouvernement indien n’a pas vraiment obtenu l’effet escompté : « Le gouvernement indien n'a récupéré que 7 tonnes d'or sur les 24 000 tonnes supposées aux mains des temples et des foyers indiens. » Une bien maigre récolte en somme. Si cette mesure a totalement échoué, c’est parce que les banques ont « traîné des pieds » et que les particuliers, eux, « devaient évaluer à leurs frais la valeur de leur or et voyaient leur placement rémunéré à 2,5 %, trois à quatre fois moins que le taux du crédit en Inde ». Pas très motivant ! Les achats d’or en Inde ont bien repris de plus belle cette année après la démonétisation de billets de 500 et 1000 roupies en novembre 2016 qui a aussi été un fiasco.

Inquiétudes sur l’avenir de l’or en Afrique du Sud
C’est RFI à nouveau qui évoque la question de l’or en Afrique du Sud. Autrefois plus grand producteur d’or du monde « avec 75% des réserves globales en 1970 », le pays africain est aujourd’hui à la 7e place : « En 10 ans, sa production a chuté de 40 % pour atteindre tout juste 140 tonnes l’année dernière. Les mines sont vieillissantes, de plus en plus profondes et nécessitent une main-d’œuvre abondante. » La raison d’une telle baisse dans la production est bien évidemment d’ordre économique : les coûts d’exploitation ont augmenté. Hausse des salaires, du prix de l’électricité, les bénéfices ont diminué comme peau de chagrin. Résultat : il n’y a pas d’argent pour réinvestir dans les exploitations. Un article à lire !