L’once d’or au-dessus de 1250 dollars
En début de semaine dernière, nous avons vu dans notre revue de presse que l’or tentait de se maintenir autour des 1240 dollars. Un objectif que l’on peut considérer comme largement atteint étant donné que l’once a dépassé les 1250 dollars lors de la séance du vendredi 24 février, atteignant son plus haut depuis le 11 novembre2016 et la victoire de Trump.
Boursorama titrait d’ailleurs « Or : nouveau sommet annuel pour la valeur refuge ». Ainsi « au terme du premier fixing de ce dernier jour de la semaine à Londres, l'once d'or cotait 1255,35 dollars (+ 7,45 dollars par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1185,2 euros (+ 5,8 euros) ». Ainsi apprend-on que le métal jaune s’est apprécié suite aux « 'minutes' de la dernière réunion de la Réserve fédérale, qui 'ont accru l'incertitude quant au 'timing' des prochaines hausses de taux directeurs' ». Le T-note à 10 ans, produit obligataire de référence aux US, est d’ailleurs redescendu à 2,36 % après avoir avoisiné les 2,50 % le 15 février dernier. En outre, Mnuchin, secrétaire au Trésor, a déclaré que les Trumponomics, les mesures économiques du 45e président américain, ne devraient pas avoir l’impact voulu sur l’économie américaine avant 2018 : « Le stimulus budgétaire ne devrait pas avoir beaucoup d'impact sur l'économie cette année et que la réforme fiscale pourrait prendre un peu plus de temps à être mise en œuvre. » Durant ce vendredi, l’or a même grimpé jusqu’à 1257 dollars.

Mardi, l’or restait proche de sa valeur de vendredi en affichant une once à 1251,9 dollars au terme du premier fixing de Londres rapporte TradingSat.Com. L’article évoque lui aussi les déclarations de Mnuchin mais aussi les incertitudes électorales européennes : « Depuis l'intervention de Stephen Mnuchin (le secrétaire du Trésor, ndlr) indiquant que les mesures (de l'administration Trump) n'auront pas d'impact sur la croissance avant 2018, l'état d'esprit des investisseurs a changé”, souligne Aurel BGC. Selon TD Securities, c'est, avec les incertitudes électorales d'Europe, la raison pour laquelle l'once a récemment testé un sommet de trois mois et demi vers 1260 dollars. »

Quelles sont les raisons de cette hausse de l’or ?

Mardi 28 février, Boursorama s’interrogeait également sur les raisons de cette hausse de l’or lors d’une interview pour TVFinance de Valérie Gastaldy, stratégiste de Day By Day. Elle ne pense pas que la hausse est due aux incertitudes mais plutôt aux risques du retour de l’inflation aux US avec la politique économique de Trump : « La hausse de l'or est principalement causée par la reprise des anticipations inflationnistes aux États-Unis. En ce qui concerne les taux c'est l'inquiétude sur les élections françaises qui est à l'origine du fameux «écartement de spread» entre France et Allemagne. » L’écart avec les taux allemands se creuse, exprimant là la défiance sur la dette française. Les élections françaises pèsent également en effet sur les marchés puisque certains candidats envisagent une sortie de l’euro, fragilisant l’économie française et donc européenne. Valérie Gastaldy rappelle d’ailleurs que l’euro ne peut pas mourir dans les traités...

L'or baisse suite aux commentaires hawkish par les fonctionnaires de la FED et sous la pression du dollar
Mardi l’or a néanmoins reculé, comme l’explique
BullionVault dans un article intitulé « Les cours de l’or reculent après un pic de 12 semaines » : « Les cours de l'or ont reculé mardi à Londres de plus de 10 dollars par once par rapport aux pics d'hier de 12 semaines. Mais l'or s'est maintenu au-dessus des 1 250 dollars avant le discours de Trump devant le Congrès concernant ses mesures fiscales. »

Mercredi, l’once a continué de baisser légèrement.
TheHinduBusinessLine a expliqué cette baisse de l’or ce mercredi 1er mars par une tendance forte à la hausse des taux d’intérêt par la FED : « L'or est tombé mercredi comme le dollar s'est renforcé sur les commentaires hawkish de la nuit des fonctionnaires de la Réserve fédérale américaine, alors qu'un discours attendu par le président américain Donald Trump contenait peu de précisions ou de surprises. (…) L'or au comptant avait chuté de 0,5% à 1 244,93 $ l'once à 03h45. Le métal avait atteint son plus haut depuis le 11 novembre à 1 263,80 $ le 27 février. (…) Le discours a été très léger sur les détails. » Ainsi, l'indice du dollar a augmenté de 0,4 pour cent à 101,480 suite aux commentaires de la FED sur une hausse des taux en mars. Les chances de relèvement des taux lors de sa réunion du 14 au 15 mars sont évaluées à 57 % désormais, « contre 31% en fin de semaine lundi, et environ 20% il ya une semaine ».

L’or fait l’objet d’une forte demande
Investing.com dans son article du 24 février, va un peu à contre-courant des tendances concernant la hausse des taux d’intérêt US : « D'après nous, la FED ne donnera pas plus d'un tour de vis cette année. Les marchés nous paraissent avoir surestimé le nombre de hausses des taux. Il est donc probable que l'or continuera d'être demandé. » Quant aux politiques de Trump, « aucun plan précis visant à accroître l'emploi n'a été dévoilé, mais même si un tel plan existe, rien ne transformera la situation économique du jour au lendemain comme par magie. C'est pourquoi nous conservons notre position haussière sur l'or. Techniquement la voie est à présent grande ouverte vers $1300 l'once ».

L’or pour se protéger
C’est le titre d’un article de Forbes en date du 1er mars. L’article explique que l’ambiance est plutôt positive sur les marchés en ce moment aux États-Unis : « Les marchés des actions connaissent une période très positive et en particulier aux États-Unis. Ces derniers temps, le Dow Jones a même enchaîné 10 séances de hausse consécutives ! Comme souvent, les marchés américains ont joué leur rôle d’entraînement pour tous les marchés actions de la planète. Pour le moment les taux et les devises sont relativement calmes et permettent à l’ambiance de rester positive. » Alors pourquoi l’or monte-t-il puisque nous ne sommes pas apparemment dans une période de crise ni d’inflation forte ? Il y a pourtant bel et bien plein de raisons d’acheter de l’or : inflation, risque politique (USA avec la politique plus que floue de Trump, en Europe avec les élections…), diversification des portefeuilles (suite à la très forte hausse des actifs classiques)… Et de conclure : « Pour nous, en tant que gérants de portefeuilles, la raison principale d’un investissement est son couple rendement/risque et, pratiquement de manière équivalente, son potentiel de diversification. Les 3 autres raisons d’achat concernant l’or, nous paraissent de degré moindre mais l’ambiance actuelle nous laisse penser que cela pourrait à court-terme constituer des soutiens. »


L’or a pris 9 % depuis le début de l’année
Cela ne sera passé inaperçu pour personne : l’or a connu une hausse certaine depuis les élections de Trump mais aussi depuis début 2017. Le Figaro, dans un article du 28 février, explique ainsi que depuis le 1er janvier 2017 l’or a progressé de 9 % : « En ce dernier jour de février, l'once d'or s'apprécie de 0,87% à 1 258,005 dollars. Depuis le début de l'année, elle a progressé de plus de 9%, soutenue par le regain d'incertitude politique en Europe - avec les élections qui approchent en France notamment - et aux États-Unis où les projets de Donald Trump sont encore flous. »


Quelles prévisions pour l’or ?
C’est un article du 24 février de Live Mint, « Le faux printemps d'or est prévisible », qui revient sur la hausse de l’or depuis ce début de l’année : « L'or a grimpé de 8,9% et a même effacé son effondrement des élections après les États-Unis avec un bond à 1 251 $ l'once le jeudi. » Il pose la question de savoir si ce phénomène avait déjà eu lieu avant et la réponse est bien évidemment oui. Ces quatre dernières années, l’or a ainsi connu un premier trimestre fleurissant mais seul 2016 a vu cette progression continuer (malgré une sérieuse baisse au 3e trimestre). Pourquoi ce premier trimestre est généralement positif pour l’or ? « L'or montre une saisonnalité prononcée, largement influencée par la période allant du début novembre à la mi-février, lorsque Diwali, Noël et le Nouvel An lunaire alimentent la demande de bijoux en Inde, aux États-Unis et en Chine, qui représentent collectivement plus des deux tiers de la consommation mondiale de bibelots en or. » Ainsi, pour cet article signé Bloomberg, « le blues du deuxième trimestre commencera bien avant la fin du mois de mars. (…) Ceux qui sont tentés de se joindre à eux devraient garder à l'esprit que la perspective de trois hausses de taux cette année de la Réserve fédérale américaine n'a pas disparu, et les chances d'une augmentation suite à sa réunion de mai sont supérieures à 50%. »