L’or atteint son plus bas depuis 10 mois

Doucement mais sûrement, l’or continue sa dégringolade entamée au mois d’août comme le note IG.com. La semaine du 28 novembre, la veille du week-end, l’or continuait de reculer. Le Point rapporte d’ailleurs que le jeudi 1er décembre « l'or a atteint (…) 1160,73 dollars l'once, son plus bas niveau depuis 10 mois »… Les marchés sont confiants : les investisseurs attendent tranquillement « une hausse des taux directeurs imminente (…) La Réserve fédérale américaine devrait relever ses taux directeurs pour éviter une trop forte inflation, ce qui devrait renforcer le dollar et ôter de l'intérêt à la valeur refuge qu'est l'or ». La limitation d’importation éventuelle de l’or en Inde n’aide pas… surtout que le même chemin semble être emprunté par la Chine, l’autre plus grand consommateur d’or au monde : « Il est apparu cette semaine que des banques qui exercent en Chine ont eu des difficultés à obtenir les autorisations pour importer de l'or dans le pays » selon un analyste de Natixis…

Ce même jour, le site
Bullion Vault, qui titrait « Les cours de l'or atteignent des nouveaux plus bas de 10 mois », expliquait les raisons de ce regain de confiance dans l’économie américaine : « Le rapport officiel des emplois non fermiers ont indiqué que l'économie US avait gagné 178 000 emplois en novembre, abaissant le taux de chômage vers son niveau le plus bas depuis mai 2007 à 4,6%. » Il revient d’ailleurs sur ce qui se passe concernant le marché de l’or dans les deux pays traditionnellement très attachés au métal jaune : « Les cours de l'or ont reculé dans la nuit et le prix officiel chinois de l'or en yuans s'est établi au-dessus des cotations de Londres, une nouvelle fois, affichant des primes positives de +25 dollars par once, dans un contexte de restriction des licences d'importations par la banque centrale du pays, avant la période la plus importante pour les achats de métal jaune qu'est le nouvel an chinois (28 janvier 2017).Le second plus grand pays consommateur d'or au monde, l'Inde, a vu les cours dans son marché "gris" reculer de 23% par rapport au pic du 9 novembre, lorsque le gouvernement a soudainement interdit les billets de banque à forte valeur nominale, avec les détaillants et les clients inquiets par les inspecteurs des impôts, dans un contexte de lutte contre la monnaie du marché noir par le gouvernement de Modi. »

Des chiffres sur l’économie américaine repris par
Investing.com ce lundi 5 décembre, jour où l’or a connu une baisse de « 0,97 % à 1166,45 $à 10:05 GMT, proche de son plus bas de jeudi de 1160,00 $, un niveau que l’on n’avait pas constaté depuis février ». Pas sûr que la pression sur l’or s’allège après la réunion de la FED : en effet, « les investisseurs estiment à 93,9% la probabilité d’une seconde hausse des taux en février » …


L’or atone : les marchés en attente des décisions de la BCE et de la FED
Mercredi 7, l’or cotait 1171,25 dollars au premier fixing de Londres « soit - 1,25 dollar par rapport au fixing d'hier après-midi » rapporte L’Express. La barre des 1 200 dollars l’once semble s’éloigner inexorablement. Si l’effet Trump a été intégré par les marchés, il continue de faire baisser le métal doré comme le constate également cet article : « Le dollar s'est sensiblement repris, et les taux longs américains sont remontés, dans la perspective d'une relance budgétaire de la future administration Trump. Ainsi, en un mois, le rendement du T-Bond américain à dix ans est passé d'environ 1,80% à 2,45% le 1er décembre, même s'il est maintenant revenu à 2,36%. Autant de facteurs négatifs pour l'or. » L’Express évoque aussi justement l’autre facteur aggravant le cours de l’or : l’attente des prochaines orientations de la politique monétaire de la BCE, notamment concernant le rachat obligataire, mais aussi de la FED – dont la réunion se tiendra le 14 décembre et devrait aboutir à un relèvement des taux.

Malgré une petite reprise mardi 6 pour
ABCBourse qui reprend une news de CercleFinance.com, il est difficile de croire à une réelle reprise du prix de l’or. Au premier fixing de Londres, l'once d'or cotait « 1171,15 dollars » soit + 8,95 dollars par rapport au fixing de la veille. Pour les analystes de Commerzbank, « l'année 2017 s'annonce plus favorable à l'or que 2016, et surtout son second semestre. «Nous nous attendons à ce que la tendance haussière reprenne l'année prochaine», estiment les spécialistes. «Les vents contraires (pour l'or) que constituent l'appréciation du dollar et la hausse des taux devraient alors s'amenuiser, et la demande d'or à des fins d'investissement devrait repartir, étant donné l'importance des risques», pronostique une note de recherche ». Des perspectives plutôt positives donc même si actuellement on peine à le croire.

Pour
Investing.com, l’or est effectivement sous la pression du relèvement des taux par la FED et atteint des niveaux les plus bas depuis février 2016 ce lundi 5 décembre : « Les prix ont chuté jusqu’à 1157,00 $ lundi, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis le 5 février. (…) L’or demeure sous pression en vue de la hausse des taux d’intérêt par la banque centrale américaine la semaine prochaine. D’après l’outil de suivi des taux de la Fed d’Investing.com, les traders estiment la probabilité d’un resserrement de la politique monétaire en décembre à 100%. » Reste à savoir comment réagira le cours de l’or une fois ces décisions adoptées et le nouvel an chinois passé, fête durant laquelle les Chinois achètent traditionnellement de l’or.

La Russie et la Chine achètent de l’or
Au vu des perturbations régnant sur les marchés et des facteurs politiques, l’or reste néanmoins une valeur refuge si l’on en croit les derniers achats de la Russie et de la Chine. En effet, la Russie continue d’acheter la fameuse relique barbare et ce, malgré un marché baissier : « La Russie vient d'effectuer son plus gros achat d'or de ces 20 dernières années. En 24 mois, les réserves d'or russes ont augmenté de presque 50 % et ont ainsi atteint 1 542 tonnes » comme l’explique le journal autrichien Die Presse dont les propos sont retranscris dans cet article de
Sputnik ce mercredi 7 novembre. En achetant de l’or, ces deux pays voient à long terme : l’or est une valeur sûre… depuis 6 000 ans. « Ce phénomène intéressant et important s'explique par le fait que la Russie et la Chine préfèrent miser sur un développement de long terme. Comme l'indique Die Presse, l'or est « une histoire trop longue » pour la plupart des spéculateurs, ainsi que pour beaucoup d'investisseurs. Dans le même temps, l'or représente un bon choix pour les banques centrales et les petits commanditaires. » Particuliers ou État, l’or, même avec dans un marché baissier, reste un bon moyen d’assurer ses arrières.

Shariah Gold Standard : une révolution
C’est une véritable révolution qui est en marche pour les pays musulmans avec la Norme charia n° 57 » édictée par l’AAOIFI. « L’or certifié compatible avec la finance islamique » titrait La Croix ce mardi 6 décembre :« Pour la première fois, une instance de régulation reconnue, en l’occurrence l’Organisation d’audit et de comptabilité des institutions de la finance islamique (AAOIFI), basée à Bahreïn, a estimé lundi 5 novembre que l’or pouvait être un investissement compatible avec les critères de la « charia », la loi islamique, qui fixe ce qui est licite ou illicite en la matière. » Jusqu’à présent, acheter de l’or pour les investisseurs respectant la charia, loi coranique, était un peu compliqué : « Quand nous demandions à des experts si investir dans l’or était compatible avec la finance islamique, ils nous répondaient oui, non ou peut-être. C’est pour cela que nous avons demandé à l’AAOIFI de clarifier la situation », s’est félicitée Nathalie Dempster, haute responsable au sein du Conseil mondial de l’or (CMO), la fédération internationale des producteurs d’or ». Pourquoi est-ce un événement notable pour le marché de l’or ? Petites explications sur l’usage du minerai précieux vu par la loi coranique : « Le statut complexe que lui confère la tradition islamique a en effet singulièrement limité son usage en tant qu’« actif investissable » (…) Au même titre que l’argent, le blé, les dattes, l’orge ou le sel, l’or est classé dans une catégorie de produits particuliers, dits « ribawi » – sans usure, sans intérêt, sans profit. Toute transaction le concernant est soumise à des règles très strictes mais aussi très complexes destinées, selon la loi islamique, à lutter contre l’immoralité et prévenir les injustices. »Désormais, de nouvelles perspectives s’ouvrent comme l’explique L’Orient le jour qui relaie également l’information :« La publication du nouveau standard devrait permettre aux investisseurs suivant la loi islamique, ou charia, d'investir en or physique, mais également à travers des produits financiers comme des ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques), s'est félicité le Conseil mondial de l'or (CMO), fédération internationale des producteurs d'or. » Les conséquences sont énormes pour les producteurs d’or : si 1 % de la finance islamique était investi dans l’or, cela ne représenterait pas moins de 500 tonnes d’or achetés en plus par an…

La production d’or plafonne

Une autre information importante est relayée ici par RFI surtout si on fait le lien avec le nouveau Standard or charia : « La production des mines d'or a baissé pour le deuxième trimestre consécutif par rapport à l'an dernier. Certains estiment qu'on a déjà dépassé le «pic or», et que la production d'or ne fera plus que régresser. » Au 3etrimestre 2016, 847 tonnes d'or ont été extraites au total. Les gisements s’appauvrissent avec seulement 1 g du précieux métal par tonnes de minerai charrié. Quant à en trouver d’autres, les prix actuels de l’or ne permettent pas aux groupes miniers d’investir : « Trouver de nouveaux gisements n'est plus la priorité des groupes miniers, le niveau actuel des cours du métal jaune, 1170 dollars l'once contre près de 1900 dollars en 2012, ne leur permet plus les dépenses d'investissement somptuaires du début des années 2000, parce qu'ils sont endettés. » Même si l’article se veut rassurant en expliquant que d’autres pays ont de l’or dans leurs sous-sols (Colombie, Birmanie…) et que le stock existant, en pièces, lingots ou bijou est colossal, il n’en reste pas moins que l’or va, semble-t-il, devenir un bien de plus en plus rare surtout donc avec la nouvelle norme charia évoquée ci-dessus qui pourrait augmenter la demande mondiale en or de plusieurs centaines de tonnes… Et la logique veut que ce qui se fait rare… coûte plus cher !