L’or remonte !

Après une semaine plutôt stable, vendredi 28 octobre, à la veille du week-end, l’once d’or s’élevait à 1 277 dollars au dernier fixing sur le London Bullion Market, soit 11 dollars de plus que le précédent vendredi. Un mieux pour le métal doré mais ce dernier a du mal à vraiment retrouver de sa superbe et à repasser au-dessus de la barre des 1 300 dollars. Pour ZoneBourse.com, ce manque d’entrain est avant tout dû à l’absence de signaux forts qui joueraient en faveur du métal précieux. Les taux d’intérêt risquent d’être remontés par la Fed en décembre et de renforcer le dollar, les chiffres de la croissance américaine qui est « plus robuste que prévu » … Rien de bon pour le métal précieux. Néanmoins, il n’y a pas de baisse de prévu à court terme : « Mais la probabilité d'une hausse des taux de la Fed en décembre est déjà élevée sur le marché et largement intégrée aux cours, ce qui limite le potentiel de mouvement sur les prix des métaux précieux avant cette date."Il faudrait une déception particulièrement importante pour faire dérailler les attentes" ».

Lundi, la semaine a bien démarré, quoiqu’un léger recul a été observé : « L’or pour livraison en décembre sur le Comex de la New York Mercantile Exchange recule de 75 cents, ou 0,06%, à 1.276,05 $ l’once troy à 3:50AM ET (07:50GMT)». Cependant, l’article d’ Investing.com titrait tout de même « L'or proche de son plus haut de 4 semaine, Fed et élection U.S en vue »

Ce mercredi 2 novembre, l’inquiétude semble avoir regagné les marchés… Effectivement, « au terme du premier fixing de ce mercredi à Londres, l'once d'or fin cotait 1295,85 dollars (+ 7,4 dollars par rapport au fixing d'hier après-midi) ». La cause de cette embellie du prix de l’or ? Un recul du dollar, des sondages qui indiquent que 46 % des intentions de vote iraient en faveur du candidat républicain aux élections américaines Donald Trump, ainsi que « la baisse récente des indices d'actions, valeurs risquées par excellence » comme l’indique cet article
TradingSat.

Les perspectives de l’or
Difficile de prédire la direction que va prendre le cours de l’or. Cette hausse démarrée depuis lundi semble pour le moins inattendue. Ce vendredi 28 octobre,
ABC Bourse était encore sceptique sur l’or. Une crainte sans doute fondée au regard de la semaine du 4 octobre qui, malgré des signaux qui auraient dû soutenir le métal doré, a vu l’or chuter. « Toujours pas de reprise pour le métal jaune dans un contexte de tension des taux longs aux États-Unis. Au terme du premier fixing de ce jour sur le marché de référence de Londres, l'once d'or cotait 1.265,9 dollars (- 0,35 dollar par rapport au fixing d'hier après-midi) et 1.161 euros (+ 0,9 euro). Sur un mois, l'once d'or abandonne environ 60 dollars qu'elle ne parvient pas à regagner. Principale explication : le marché est de plus en plus persuadé que la normalisation monétaire va se poursuivre aux Etats-Unis, le marché financier directeur. »

Un constat partagé par La Bourse au quotidien : Philippe Béchade évoque les effets sur la relique barbare d’une éventuelle victoire de la candidate démocrate Hillary Clinton. « Parmi les conséquences les plus largement admises en cas de victoire (jugée quasi certaine) d’Hillary Clinton dans dix jours (ça s’approche à grand pas), il faut s’attendre à une chute de l’or. L’or, qui s’accroche depuis une semaine au 1260/1265 dollars/oz). » Il souligne « la résistance aussi singulière que contre-intuitive du métal précieux alors que les taux longs continuent de se tendre ce matin même ». Une phrase qui en dit long sur le marché peu prévisible de l’or ces derniers temps.

ETF Securities, firme qui propose des solutions d’investissement, envisage un scénario plus positif pour le métal précieux : si Trump gagne, l’once d’or pourrait grimper « à 1440 dollars d’ici juin 2017 ».
Le Figaro rapporte ainsi que « l'incertitude politique en différents endroits du monde devrait rester le moteur de la hausse de l'or dans les douze prochains mois ». En effet, bien que les marchés soient suspendus aux lèvres de la FED et en attente des élections américaines, les tensions sont aussi présentes en Europe : « La situation en Europe reste en effet fragile alors que les négociations sur le Brexit devraient commencer. »

Simone Wapler, dans un article sur
Contrepoints, parle justement de l’euro qui est plutôt mal en point. Les craintes des autorités ? De voir la monnaie unique attaquée par la cryptomonnaie le Bitcoin et par l’or. Pour contrer cette monnaie électronique, « la Banque centrale européenne presse les pays membres de l’Union de légiférer à propos des monnaies électroniques privées, « craignant que cela puisse affaiblir son propre contrôle de l’émission monétaire dans la Zone euro » d’après Reuters. L’autre raison du désintéressement des investisseurs pour l’euro se trouve dans les taux négatifs, les déficits budgétaires et les problèmes de banques dans plusieurs pays d’Europe… Pas vraiment rassurants ! L’or a de beaux jours devant lui…

Économie Matin est d’ailleurs de cet avis : la perte de confiance en la monnaie profite à l’or… et ce n’est pas près de s’arrêter. L’article reprend les propos de Charles Sannat avec une traduction d’un article de Simona Gambarini, analyste des matières premières au sein du conseil de recherche économique d’une des plus grandes agences consultantes sur ces problématiques – « Capital Economics ». L’avenir de l’or est pour elle plutôt positive : « En regardant en arrière, plusieurs facteurs ont contribué à l’augmentation du prix de l’or cette année. À l’avenir, les risques mondiaux persistants devraient faire en sorte que la demande d’or en tant que valeur refuge reste élevée, même en prenant en compte le resserrement de la Fed dont il a été question. De plus, les inconvenants de l’or devraient être limités par l’accent renouvelé et mis sur les risques d’une inflation plus élevée, et ce notamment après des années de politique monétaire exceptionnellement relâchée». D’ailleurs, même si la Fed relevait ses taux, les effets négatifs sur l’or seraient vraisemblablement de courte durée. Elle en veut pour preuve le relèvement qui a eu lieu en décembre 2015 : « Lorsque la Fed a relevé les taux en décembre 2015 pour la première fois depuis près de dix ans, l’effet sur le prix de l’or a été de courte durée : il a en fait augmenté dans les mois suivants. » Enfin, il est probable qu’il y ait de petits retours en arrière pour le métal doré mais de façon temporaire. Pourquoi ? Parce que le relèvement des taux de la Fed seront progressifs et à un niveau bas, que les autres banques ne suivront pas forcément le mouvement, et que « des chocs potentiels supplémentaires sont à venir ». Il semblerait qu’il n’y ait donc pas d’inquiétude à avoir pour l’or ces prochains mois…